Dieu
créa l’homme à son image. Puis, il retira une côte du flanc d’Adam, le premier
homme, et à partir de celle-ci il façonna la première femme Eve. Ce premier
couple, Adam et Eve, fut invité dans le jardin d’Éden. Adam et Eve y régnaient
en toute liberté dans la paix, la félicité et la joie ; c’était le Paradis
terrestre, un lieu où la dualité n’existait pas. Au centre de ce magnifique
jardin, Yahvé avait planté l’arbre de vie, l’arbre de la connaissance du bien
et du mal.
Le
fruit de cet arbre, la pomme de la connaissance octroyait la vie éternelle.
Sous l’influence du vilain serpent tentateur et par sa curiosité malsaine à
l’égard du fruit défendu, Eve commettra l’irréparable… Séduite par le serpent,
représentation de Satan, Eve se laissera convaincre de cueillir et de manger le
fruit de l’arbre de la connaissance, le fruit qui mène inexorablement au monde
de la dualité. De plus, c’est elle qui conduira Adam à transgresser les
interdits de Dieu et qui l’incitera au péché. Ainsi, Adam et Eve perdront leur
état de grâce et d’innocence originelles. Pourtant, Yahvé leur avait
formellement interdit de goûter au fruit défendu … Ils devront être punis et
expulsés à jamais de l’Eden. Dieu infligera à Eve et à sa descendance la lourde
sanction d’enfanter dans la douleur et d’être l’éternelle subordonnée de
l’homme. Quant à Adam, il sera désormais contraint à travailler avec
acharnement à la sueur de son front. Adam et Eve deviendront des êtres mortels
et engendreront une nature humaine misérable. Dorénavant, ils seront déchus de
leur grâce et de leur innocence. La mort, la souffrance et la dualité
pénètreront le monde par leur faute.
Dans
la Genèse adoptée par les Pères de l’Eglise, Eve sera dépeinte comme la femme
impure qui a volontairement dupé son époux et l’a livré aux mains du démon.
Ce
mythe de la création tel qu’il est entretenu et sanctionné par le pouvoir en
place s’inscrira dans l’inconscient collectif et dans l’inconscient des femmes,
et marquera insidieusement le ventre-sexe et le cœur des femmes de toutes les
générations subséquentes. Depuis deux mille ans, les femmes souffrent
profondément dans leur corps et leur psyché de ce fardeau qu’on leur a fait
porter. Pourtant, l’attitude du Maître Jésus à l’égard des femmes était
radicalement à l’opposé de ce que la Genèse a véhiculé et de ce que la religion
juive prônait à cette époque. Nombre d’enseignements ont été transformés et
éloignés de leur essence afin de justifier la domination du pouvoir des hommes
dans l’Eglise. En tant qu’homme et en tant que Christ, Jésus n’était pas
exclusivement entouré d’hommes. On le voyait souvent en présence de femmes,
dont les Marie.
Malgré
l’imposante présence du masculin durant cette période, à plusieurs reprises
Jésus transmettait lors de ses enseignements que toute femme pouvait pénétrer
dans le Royaume de Dieu. Ainsi, il mettait en lumière l’égalité de l’homme et
de la femme devant le Père. Il prodiguait à chaque femme un profond respect et
ne démontrait aucun ascendant sur elle. En tant que Christ, il reconnaissait la
force du pouvoir féminin et savait intrinsèquement que ce pouvoir faisait
partie intégrante de la Voie…
En
outre, Jésus invitait les êtres à vivre l’alliance intérieure d’un masculin et
d’un féminin libres et à réaliser dans leur couple l’union sacrée sexuelle et
spirituelle. C’était bien loin du mariage entériné par le pouvoir de l’Église
qui entretenait la dynamique du dominant / dominé et traitait les femmes avec
insubordination.
Pécheresses
qui frayent avec le mal, les femmes furent condamnées à porter le poids de la
responsabilité de la chute de l’humanité et du péché originel. Plusieurs
crurent qu’elles avaient une inclination naturelle au mal et aux ténèbres.
« Vous êtes la passerelle vers le diable », « Vous enfanterez
dans la douleur ». Le sexe de la femme, réceptacle sacré, portail de toute
vie, s’est dès lors transformé en une porte menant tout droit à l’enfer… Durant
des siècles, les femmes ont transporté en elles, consciemment et
inconsciemment, cet héritage de croyances blessantes et réductrices ainsi que
tous les attributs du féminin qu’on leur a imposés. Ce legs pèse lourd dans le
cœur et le ventre des femmes – et de toutes les mères -, dans le cœur et le
ventre de la planète.
Et si cette histoire vous était racontée autrement …
Mâle
et femelle, Dieu les créa à son image. Il les invita à évoluer dans le jardin
d’Eden de la conscience unificatrice, ce lieu magique que chaque être sur terre
a la capacité de manifester et d’expérimenter durant ses cycles d’incarnation.
Adam et Eve, le couple sacré, mariage alchimique de l’homme et de la femme
intérieurs, personnifient la nature divine masculine de toute création. Libres,
heureux et évoluant dans la félicité, ils mangent le fruit de l’arbre de la
Connaissance dans un état de pure innocence. L’arbre de vie est une antenne
d’énergie déployée majestueusement entre terre et ciel. Par ses racines
terrestres, cet arbre accueille les énergies nourricières et fécondes de la
Mère Terre ; par ses racines célestes, il reçoit les énergies universelles
du cosmos. Plus l’énergie de vie circule en harmonie dans le cœur de l’arbre,
plus la récolte de fruits sera abondante. Un arbre bien nourri dont la sève
circule librement et harmonieusement accèdera rapidement au fruit de la
Connaissance et de la Sagesse divines. Le serpent, symbole de l’énergie vitale
(énergie sexuelle, énergie kundalinique) lovée dans les entrailles, vient
signifier à Eve tous ses pouvoirs créateurs féminins par cette pulsion
créatrice de vie. Il est cette force intrinsèque puissante qui jaillit de ses
eaux matricielles comme le dragon de feu, dont l’énergie se déploie et nourrit
la vie dans toute sa force et son ardeur. Le serpent ouvre la voie …
Symbole
de transformation et de transcendance, il est riche de potentialités
nombreuses. Le serpent n’est ni l’imposteur ni l’ennemi et encore moins le
corrupteur. Eternelle gardienne de la connaissance des mystères féminins, Eve
sait par essence que cette énergie serpentine demande sans cesse à être
renouvelée et à mordre dans le fruit de la Connaissance et de la Sagesse
infinies. En outre, elle sait que l’énergie du serpent l’unit inexorablement à
l’énergie de l’éternelle Déesse.
En
tant que co-créatrice de l’humanité, Eve (aspect féminin) stimule Adam (aspect
masculin) dans son mouvement perpétuel de vie et dans des défis créatifs et
lumineux. Elle est sa source d’inspiration et vient l’éveiller aux forces vives
et sauvages qui l’animent. La présence d’Eve attise le feu d’Adam et le
polarise en lui infusant sa force vitale. Adam (aspect masculin) éveille Eve à
la multi-dimensionnalité de son esprit-conscience.
La
conscience demeure dans l’immobilité si elle n’est pas mue par l’énergie
féminine active. Seul l’éveil de l’énergie de la kundalini élève
spirituellement et illumine la conscience afin de réaliser l’union sacrée avec
le Divin. Adam et Eve ont appris à reconnaître, respecter, honorer et exprimer
le Divin par l’entremise des deux polarités. Comme une belle danse à la vie,
ils s’invitent mutuellement à se nourrir de la terre et des cieux et à créer un
équilibre entre leur énergie sexuelle et leur énergie spirituelle, entre la
matière et l’esprit. L’énergie créatrice sacrée (aspect féminin) épouse la
conscience divine (aspect masculin) pour un retour à l’accomplissement et à
l’unité. Adam et Eve vous rappellent le caractère fondamentalement sacré et
universel de l’union entre votre nature divine masculine et votre nature divine
féminine. Ce couple alchimique incarne pleinement l’énergie du Nouveau Monde,
où il évolue dans un véritable jardin d’Eden. Ainsi, ainsi et ainsi…
Extrait de l’ouvrage
« Féminin
sacré ou la voie sacrée initiatique »
de Lise Côté – Editions
Ariane
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